• Pour me donner du courage

    J’ai bu, ça n’a l’air de rien,

    Un whisky de douze ans d’âge

    Ça tombe bien c’est aussi l’mien 

     

    J’ai pas encore de moustache

    Mais j’aime bien passer la lame

    Bien aiguisée sur mes taches

    De rousseur pour plaire aux dames

     

    Que j’irais voir à cinq heures

    Dans la rue de l’Oiseau Lyre

    D’où je sortirais vainqueur

    Allégé de ma tirelire

     

    Ce soir je serais un homme

    Ce soir, j’aurai le secret

    Qu’on apprend pas dans les sommes

    Sur le tableau à la craie

     

    En chemin, j’fait l’funambule

    Saute dans les flaques d’eau

    Mon cochon tintinnabule

    Au fond de mon sac à dos

     

    Attirés par ce cliquetis

    Des grands me sont tombés dessus

    Profitant qu’j’sois plus petit

    Et moyen en jiu jitsu

     

    J’ai tenté la prise de l’aigle

    Au fond d’la rue des Martyrs

    Mais un bon coup d’poing en règle

    Me sépare de ma tirelire

     

    Je repense à toutes ces thunes

    Gagnées en tondant la p’louse

    Allongé sur le bitume

    J’ai pt’être c’qu’on appelle le blues

     

    Pour un pt’it manque d’envergure

    Face à des bas de plafond

    L’est minable mon aventure

    Ma virée dans les bas-fonds

     

    J’allais faire demi-tour

    Vu qu’il s’est mis à pleuvoir

    Quand j’entends la vois d’l’amour

    « Alors on n’a pas d’devoirs ? »

     

    J’ai dévoré mon quatre-heures

    J’aime cette rue de l’Oiseau Lyre

    Et garde ce souv’nir au cœur

    Qui vaut bien toutes les tirelires

     

    Car d’un geste qui me fascine

    Elle nettoie avec son pouce

    Le chocolat qui dessine

    Une moustache sur ma frimousse


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